Le dit du loriot

SU TONG

À la fin du deuxiĂšme millĂ©naire, au sud de la Chine, un vieil homme creuse partout obsessionnellement pour retrouver les mĂąnes de ses ancĂȘtres et son esprit. OĂč sont-ils enfouis ? InternĂ©, il est surveillĂ© par Baorum, son petit-fils, passĂ© maĂźtre en l’art de ligoter les patients rĂ©calcitrants. Le jeune homme, fascinĂ© et irritĂ© par Princesse, la provocante petite-fille du jardinier de l’hĂŽpital, l’attache un soir dans le chĂąteau d’eau et s’enfuit. Son ami Liu Sheng la viole. Baorum Ă©cope Ă  sa place de dix ans de prison. Princesse chante dans les cabarets, parcourt le monde. Le destin la ramĂšne Ă  sa bourgade originelle et aux deux hommes hantĂ©s par le passĂ©. Dans les romans du Chinois Su Tong (La berge, NB dĂ©cembre 2011), le contexte politique n’est prĂ©sent qu’en filigrane. Ici, une rue peuplĂ©e de gens modestes, entre passĂ© socialiste et prĂ©sent capitaliste, qui croient aux fantĂŽmes mais ne rĂ©sistent pas Ă  l’argent. Les trois personnages principaux sont complexes, unis par un lien invisible fait d’attirance, de rancune et de culpabilitĂ©. La femme, belle, capricieuse, l’homme cynique mais gentil, et l’honnĂȘte benĂȘt piĂ©gĂ© sont Ă  la fois dĂ©plaisants et touchants. Le texte est vivant, poĂ©tique, pathĂ©tique et plein d’humour. Un livre humain, captivant. (L.G. et V.M.)