Le coeur battant du monde

SPITZER SĂ©bastien

PoussĂ©e par la misĂšre, Charlotte, une jeune Ă©migrĂ©e irlandaise Ă  Londres dans les annĂ©es 1850, accepte un marchĂ© : se charger d’un nouveau-nĂ© et disparaĂźtre avec lui. L’enfant est illĂ©gitime, son pĂšre est connu, il s’appelle Karl Marx. L’homme qui a arrangĂ© l’affaire est son ami Friedrich Engels, qui refuse qu’un scandale ternisse l’image du philosophe. Peut-on garder impunĂ©ment un tel secret ?  

Sur la base d’un fait historique avĂ©rĂ©, un fils que Marx eut avec une domestique lors de son sĂ©jour Ă  Londres, et s’appuyant sur une solide documentation pour restituer le contexte de l’époque, l’auteur avait tout pour faire un bon roman. Malheureusement il en fait trop. La crĂ©ation de comparses imaginaires n’est pas en cause, mais plutĂŽt le style et le ton. Pourquoi ce misĂ©rabilisme larmoyant qui ne fait que caricaturer une situation sociale suffisamment tragique en soi ? Qu’apporte Ă  l’histoire une complaisance aussi appuyĂ©e pour le corps fĂ©minin, le ventre, l’allaitement, ses dĂ©sirs incontrĂŽlĂ©s ? Une multiplication aberrante d’alinĂ©as tente de reproduire l’omniprĂ©sence du danger qui menace l’enfant. C’est vite perçu comme un artifice supplĂ©mentaire pour gagner des lignes. La sobriĂ©tĂ© aurait mieux servi ce scĂ©nario pourtant bien trouvĂ© et intĂ©ressant. (A.Lec. et F.L.)