Le chemin des fugues

LACOCHE Philippe

Pierre Chaunier ne va pas fort, « dĂ©goĂ»tĂ©, enduit Ă  l’intĂ©rieur par la noirceur anthracite d’une mĂ©lancolie tenace ». Sa compagne l’a quittĂ©, les nouvelles technologies l’insupportent
 Tous les soirs, il retrouve des amis fidĂšles au comptoir du Bar de la Place. Outre un goĂ»t immodĂ©rĂ© pour la boisson, les piliers de l’estaminet ont une dĂ©testation absolue du capitalisme, du libĂ©ralisme, des bourgeois etc. Heureusement, Pierre trouve un boulot de journaliste Ă  l’ancienne Ă  l’Echo du Vaugandy, une contrĂ©e de l’Aisne oĂč la modernitĂ© n’a pas cours.  On retrouve ici la nostalgie des annĂ©es 60-70 chĂšre Ă  Philippe Lacoche (Des rires qui s’éteignent, NB mars 2012). C’était mieux pendant les Trente glorieuses. On voit passer des personnages pittoresques, parfois caricaturaux, qui manifestent une solidaritĂ© aujourd’hui disparue. On peut apprĂ©cier les descriptions sensibles de la nature. Mais on finit par se lasser des cuites et des amours passagĂšres qui aident Ă  survivre. Cet « incurable nostalgique du monde d’avant » dont l’auteur se moque gentiment trouvera-t-il des lecteurs suffisamment bienveillants pour apprĂ©cier les bavardages facĂ©tieux, souvent alcoolisĂ©s, parfois gras et lourds qui le soutiennent ? (D.D. et B.T.)