Le banquet des morts.

GANACHAUD Christian

Le vieil homme mourant veut, pour sa derniĂšre nuit, organiser un banquet Ă  tout casser. Les “feignasses”, nom dont il gratifie les deux orphelins jadis adoptĂ©s pour l’aider, se rendent au village pour rameuter la foule. Ils reviennent bredouilles. Le vieux n’a ni famille, ni amis et tous les dĂ©laissĂ©s sollicitĂ©s sont en partance vers d’autres lieux. Il reste les morts. Les feignasses ramĂšnent du cimetiĂšre douze squelettes d’hommes et de femmes. On s’installe, fixant un crĂąne par-ci, rattachant un bras par-lĂ . La fĂȘte peut commencer. Le maĂźtre de maison disparaĂźt rĂ©guliĂšrement, rapportant viande et vin. On danse au son d’un vieux gramophone, on procĂšde Ă  l’élection de Miss Squelette. À l’aube naissante, le vieillard prĂȘt Ă  s’éteindre dĂ©clare aux feignasses qu’il leur lĂšgue, pour l’avoir suivi sans comprendre jusqu’au “dernier jour du froid”, la plus belle part de son hĂ©ritage : « Vous, vous entrez vivants dans la mort. »

 

AprĂšs Soleils froids (N.B. nov. 2002), un roman encore bien noir, mĂȘme si les toutes derniĂšres pages, en une sorte d’épilogue, font briller une lueur d’espoir.