L’autre Simenon

ROEGIERS Patrick

Dans la famille Simenon, on connaĂźt bien Georges, l’auteur de romans policiers. Mais qui a entendu parler de son cadet Christian, individu de sinistre mĂ©moire ? ÉlevĂ©s dans une famille bigote de Wallonie, les deux frĂšres ont des parcours bien diffĂ©rents. Le premier mĂšne la belle vie en France pendant l’Occupation, tandis que le second s’engage dans le parti rexiste fasciste fondĂ© en Belgique par LĂ©on Degrelle dans les annĂ©es trente. De collaboration en massacres, cet homme falot tombe dans une abjection sans issue. Prenant quelques libertĂ©s avec la vĂ©ritĂ©, nĂ©anmoins dĂ©taillĂ©e Ă  la fin de l’ouvrage, Patrick Roegiers (Le bonheur des Belges, NB dĂ©cembre 2012) n’a pas de mots assez durs pour dĂ©crire Christian Simenon, homme faible, sans substance, et l’infamie de l’extrĂȘme droite antisĂ©mite. Ces mots coulent pourtant en abondance, avec une dĂ©bauche de synonymes et de rĂ©pĂ©titions. L’hypertrophie de ce verbe complaisant peine Ă  lĂ©gitimer la maigreur du sujet. Ici et lĂ , des rĂ©flexions de comptoir d’un public hypothĂ©tique et le ton ironique, vaguement cĂ©linien, de l’auteur agacent. (D.D. et A.Le.)