L’art de l’effacement

Les souvenirs sont-ils une lumière pour vivre le présent ? Ou cette mémoire reconstruite n’est-elle qu’illusion, déception, voire obstacle à la vraie vie ? En trois longues nouvelles, Anita Desai (Un parcours en zigzag, NB juillet 2006), romancière indienne d’expression anglaise, met en scène des rescapés d’un passé récent : un fonctionnaire se souvient d’un étonnant musée – découvert lors de ses débuts –, une universitaire se met à traduire une oeuvre écrite dans sa langue maternelle, un fils adoptif s’isole dans la maison de vacances de son enfance. Dans la nature indienne omniprésente, l’auteur détaille le caractère oppressant d’existences mornes, mais singulières. Chacun rencontre l’occasion de relever un défi personnel : partager son secret, réconcilier le passé avec le présent et laisser une trace avant l’effacement. Il renonce finalement ou ne trouve qu’indifférence et incompréhension. Si ces récits ne manquent pas d’authenticité et laissent une forte impression, ils ne réussissent pas à susciter l’émotion.