L’amour comme hypothèse de travail

HUTCHINS Scott

Neil, divorcé depuis deux ans, mène à San Francisco une vie de célibataire, draguant occasionnellement une fille. Employé par une petite entreprise de la Silicon Valley qui cherche à créer un cerveau artificiel, il a introduit dans l’ordinateur le journal qu’a écrit son père pendant vingt ans. À partir de ce matériau humain, il bâtit un programme informatique de plus en plus sophistiqué qui lui permet peu à peu de converser avec ce père qu’il a mal connu et dont la mort par suicide est restée pour lui inexpliquée.  Le thème est original et traité sans recours abusif à des pratiques techniques et informatiques sibyllines. Pour corser son sujet et le rendre plus accessible aux non-initiés, Scott Hutchins – professeur à l’Université de Stanford, titulaire d’un master d’écriture – lui donne de la chair en imaginant un fils et son père. Il pose ainsi la question essentielle : peut-on insuffler du sentiment à une intelligence artificielle, l’amener à se comporter en être humain ? C’est, avec l’évolution de la psychologie du héros, l’aspect le plus intéressant du livre qui, par ailleurs, souffre de longueurs, d’un manque de structure et de digressions, sans compter la relation un peu fastidieuse des aventures amoureuses de l’apprenti sorcier.