L’Aile tatouée

Mircea est le coeur de ce roman, homme de tous les âges, témoin d’une apocalypse, d’une révélation qui interroge le mystère de l’humanité tout entière : où va l’Homme ? Petit garçon de Bucarest, envahi par sa mère, il est confronté à la sexualité, séparé de son jumeau, son double perdu. Adulte, explorateur de sa petite enfance et de sa généalogie, victime de la folie aberrante du régime de Ceausescu, il est pris dans l’étau de la révolution de 1989, dans la jungle de la peur, de la faim et de la violence.  Dans le dernier volet de sa trilogie Orbitor, Mircea Cǎrtǎrescu se plaît à dessiner un kaléidoscope : récits entremêlés, interrompus puis repris. La cohérence est apportée par la phrase poétique, musicale, par une écriture d’une beauté subtile et saisissante avec ses métaphores et ses thèmes récurrents : le papillon, âme et immortalité, ou le corps omniprésent. Il faudrait s’attarder sur chaque page, en apprécier le merveilleux et les symboles. Ces récits à la fois satiriques et oniriques mêlent l’imaginaire à la réalité historique. Voici un roman-témoignage exigeant, d’une force époustouflante, un grand ouvrage de littérature contemporaine d’un auteur traduit en douze langues, plusieurs fois primé en Roumanie.