AprĂšs une ascension sociale et une rĂ©ussite fulgurantes dans lâĂ©dition, Lombard quitte le groupe qui a rachetĂ© la maison oĂč il travaille. Il est Ă©cĆurĂ© par des annĂ©es de compromission qui ont transformĂ© lâesprit de sa sociĂ©tĂ©. On ne pense plus auteurs et littĂ©rature mais coup commercial. En mĂȘme temps, sa compagne le quitte. Il a tout perdu, son statut prestigieux et sa stabilitĂ© affective. Pour ne pas sombrer, il accepte de devenir reprĂ©sentant pour une petite maison dâĂ©dition qui propose une encyclopĂ©die et de la poĂ©sie contemporaine.
Grandeurs et misĂšres du voyageur de commerce ! En racontant le parcours de son personnage, lâauteur, qui a Ă©tĂ© lui-mĂȘme reprĂ©sentant, fait un tableau grinçant du monde du livre quâil connaĂźt bien. Lombard quitte les sommets de lâĂ©dition, un milieu de requins prĂ©tentieux, pour se retrouver sur le terrain beaucoup plus modeste des points de vente : petites librairies, bibliothĂšques, hypermarchĂ©s, particuliers. Il dĂ©crit un mĂ©tier dur, humiliant, fait de solitude et parfois de belles rencontres. On se dĂ©lecte de lâĂ©criture prĂ©cise rehaussĂ©e de formules savoureuses et de rĂ©fĂ©rences Ă la littĂ©rature, car le narrateur aime les vrais auteurs et non « les bouillons gras des cuisines littĂ©raires ». On y trouve un Ă©loge des libraires et de lâĂ©dition en marge de la production de masse. De quoi sĂ©duire les vrais amoureux de la littĂ©rature. (F.E. et S.H.)