Alice, disparue

PARAVEL Dominique

Aude se raconte : Ă  60 ans, elle vient de dĂ©cider enfin de se pencher sur son passĂ©, de le comprendre aprĂšs s’ĂȘtre appliquĂ©e Ă  tout oublier, et s’il n’est pas trop tard, de retrouver Alice, son amie d’enfance et de jeunesse. Elles avaient 20 ans quand elles se sont perdues au printemps 1976. Elles venaient de passer plusieurs mois dans une colocation Ă©tudiante installĂ©e dans un palais vĂ©nitien dĂ©labrĂ©. C’est Alice qui avait fait venir Aude : « Ă€ Venise, il y a toujours des histoires, rejoins-moi ! Â»

Un roman ensorceleur au charme acide, sur l’empreinte d’une amitiĂ© rompue mais jamais oubliĂ©e, avec Venise en dĂ©cor somptueux et vĂ©nĂ©neux, les annĂ©es rouges en Italie, la lutte armĂ©e ouvriĂšre, la bohĂšme Ă©tudiante… La construction Ă©claire le lien entre deux femmes trĂšs diffĂ©rentes. D’un chapitre Ă  l’autre on passe du rĂ©cit de jeunesse d’une Aude peu sĂ»re d’elle, sujette aux angoisses morbides, toujours dans les pas d’une Alice fonceuse qui se rit de ses handicaps, Ă  celui de sa vie de femme mal mariĂ©e, vieillissante. L’enchantement vĂ©nitien et l’aventure alternent avec la grisaille et l’ordinaire lyonnais, le dĂ©senchantement succĂšde au chatoyant. Puis dans l’ultime chapitre, une voix est enfin portĂ©e par la disparue. Un roman d’une formidable richesse, des personnages complexes mais attachants, entre violence, folie, gĂ©nĂ©rositĂ© et humanisme. (T.R et J.G)