La vie en sourdine

LODGE David

Quelques mois d’un journal intime, partiellement autobiographique, dĂ©crivent l’existence d’un universitaire retraitĂ©, malentendant, qu’une certaine paresse intellectuelle et l’isolement dĂ» Ă  son handicap poussent au dĂ©soeuvrement. Deux ĂȘtres jouent un grand rĂŽle dans sa vie : son Ă©pouse Ă  l’activitĂ© sociale et professionnelle efficace et remuante, son vieux pĂšre veuf, amoureux forcenĂ© de sa solitude dĂ©crĂ©pite. Un chambardement menace ce morne Ă©quilibre lorsqu’une Ă©tudiante caractĂ©rielle tente d’amadouer l’ancien enseignant en linguistique qui l’aide Ă  soutenir sa thĂšse : « une Ă©tude stylistique des lettres des suicidĂ©s ».  L’exposĂ© est d’un humour dĂ©sopilant, basĂ© sur la peinture mĂ©ticuleuse du quotidien (l’emploi de prothĂšses auditives est d’une Ă©tonnante justesse et drĂŽlerie). S’y entremĂȘle une Ă©motion certaine Ă©voquĂ©e par le vieillissement et la claustration. Cet enchevĂȘtrement subtil de bavardage, de causticitĂ© et de sensibilitĂ©, la prĂ©cision de l’écriture rappellent Les quatre vĂ©ritĂ©s (NB avril 2000) : une savoureuse rĂ©ussite.