Mauricette, née dans une famille paysanne du Nord en 1933, a disparu de l’établissement de santé mentale régional où elle avait été envoyée. Par de nombreux retours en arrière, son existence souffrante est relatée. En alternance, le journal que sa thérapeute lui conseilla d’écrire déroule le flux de ses pensées. Ancienne institutrice, grande lectrice de poésie et de Joyce, l’héroïne note ses angoisses d’une façon automatique, hachée, se réconfortant parfois au spectacle de la nature. Outre le personnel soignant, dont la qualité d’écoute est remarquable, ses deux amis Christophe et Alfonsina constituent ses seuls liens humains.
Le texte est prenant, l’analyse de la maladie sensible et fine. Les révélations tragiques sont distillées très progressivement. Cette description de l’accompagnement psychologique et de la thérapie par l’écriture suscite émotion et intérêt. Éditeur et poète, Lucien Suel s’est très soigneusement documenté. Lyrisme et atmosphère irréelle s’ajoutent au talent d’évocation remarqué dans La mort du jardinier (NB Janvier 2009).