La nuit en question

Ces quinze nouvelles dévoilent les zones d’ombre, la nuit de l’âme. Où l’on voit les conséquences de la vanité, l’usure – dans la guerre – de l’amitié et des plus belles qualités humaines, les enchaînements des vengeances, les suites des lâchetés. Dans ce sombre tableau pointent parfois aussi le courage, l’ivresse de parcourir une route fermée par une tempête de neige, le désir de rêver et de vivre malgré la pauvreté, la fidélité à un être aimé.  Tobias Wolff, professeur de littérature anglaise aux États-Unis, dont les écrits ont déjà été portés à l’écran, est un nouvelliste hors pair. D’une écriture pleine de finesse, il esquisse les instants où la vie bascule. Il joue avec les attentes du lecteur et le prend bien souvent à contre-pied, par surprise, avec ironie, en glissant d’un personnage à l’autre, d’une histoire à l’autre dans un même récit. On lit à perdre haleine, parfois perdu, tant les figures se succèdent. Mais le récit, et la vie, continuent d’avancer, inéluctables, telle la locomotive de la nouvelle éponyme. Un livre très fort sur la condition humaine.