Égarés

DONOGHUE Emma

Trois tempos pour ces quatorze nouvelles axées sur le thème d’un nouveau départ dans la vie – le départ, rarement dit, le voyage, l’arrivée – du XVIIe au XXe, le XIXe surtout. Un pays d’accueil, le nouveau monde. Pourquoi partir ? Pour échapper à la misère et au qu’en-dira-t-on comme cette jeune prostituée ? Par amour ? Parce que celui dont on s’occupait depuis des années, en l’occurrence un éléphant, a été vendu au cirque Barnum… ? Par appétit du lucre ? Et que trouve-t-on en chemin ? Plus souvent les pièges du climat que l’or du Yukon. Une fois installé, sera-t-on déçu comme ce puritain à l’amertume parfaitement nauséabonde ? Après Room (NB décembre 2011), ce roman beau et dur, Emma Donoghue persiste : si toutes ces nouvelles sont inspirées, parfois très librement, d’une histoire vécue, chacune contient une dose d’émotion et de réalisme plus ou moins forte. On passe du Canada à la Louisiane, du puritanisme des Pères pèlerins au féminisme des années soixante avec une palette de personnages attachants ou repoussants. L’écriture, très visuelle et factuelle, contribue à rendre ces nouvelles aussi vivantes que colorées.