Pendant la seconde guerre mondiale, un wagon sanitaire traverse la steppe russe. C’est la fin de l’hiver. Un jeune homme au coeur fragile passe ses journées allongé sur un bat-flanc. Il écoute les conversations des autres médecins, infirmières ou pharmacien. Au milieu trône un poêle où se concentre la vie, de jour comme de nuit. Il y rencontre Vera, jeune infirmière, vive, impétueuse, et en tombe éperdument amoureux. Mais la belle est aussi fantasque que Manon Lescaut… Vsevolod Petrov (1912-1978) s’est caché derrière une carrière d’historien d’art pendant la période soviétique. Très cultivé, il lisait et appréciait les auteurs français, anglais ou allemands. Il a écrit ce court récit alors qu’il était mobilisé dans les rangs de l’armée rouge, en a parlé en 1946 mais ne l’a jamais publié. C’est une réflexion sur la vie, l’amour et l’art. « L’amour c’est une tension dans laquelle la vie devient un art » dit-il. L’héroïne qu’il compare à Manon Lescaut transforme sa vie, et celle de beaucoup d’autres… Elle transfigure la banalité qu’elle rend magique, autant qu’une oeuvre de Shakespeare. L’ambiance du train et les états d’âme du jeune amoureux romantique sont parfaitement dépeints. On y croit malgré le côté désuet. (V.A. et Maje)
La jeune Vera : une Manon Lescaut russe
PETROV Vsevolod