La fin de la guerre froide

TREJO Juan

Dans Barcelone aujourd’hui, radioscopie de trois personnes dont les destins se croisent Ă  peine. Une hĂŽtesse de l’air amĂ©ricaine en transit, marquĂ©e par une histoire familiale difficile, retrouve un amant occasionnel. Une Chinoise trentenaire, habitĂ©e de valeurs ancestrales, accompagne son mari et une dĂ©lĂ©gation venus pour affaires. Un jeune entrepreneur catalan talentueux sillonne la citĂ© en scooter et ressasse les fĂȘlures de sa vie.    Le roman s’ouvre sur l’aprĂšs-Tchernobyl dans le village dĂ©sertĂ© par les employĂ©s de la Centrale pour se focaliser sur la bouillonnante Barcelone, formidable lieu de passage, symbole du mouvement brownien qui agite le monde de l’aprĂšs-guerre froide. L’auteur inscrit ses hĂ©ros dans cette dynamique et ce n’est pas tant de psychologie qu’il s’agit mais d’une rĂ©flexion philosophique sur l’homme dans l’époque actuelle. En fouillant le mal-ĂȘtre de chacun, « l’impossibilitĂ© d’ĂȘtre soi, la difficultĂ© d’appartenir au monde », Juan Trejo pose le problĂšme du sens de la vie alors que les blessures de l’enfance pour certains, le dĂ©ficit de souvenirs ou la peur de perte de racines pour d’autres Ă©branlent et dĂ©stabilisent. Un style riche qui dĂ©crit et analyse ajoute Ă  la rĂ©ussite de ce premier roman prometteur. (L.K. et M.Bi.)