La douane volante

PLACE François

1914. Gwen le Tousseux, un adolescent tout en jambes, moqué et toujours mal fichu, aurait sûrement échappé à la conscription. La question ne se pose pas, c’est l’Ankou, le valet de la Mort, qui vient le chercher après avoir emporté le vieux Braz, le rebouteux, qui l’avait accueilli. Et le voilà sur une grève inconnue, face à ces douaniers à la mise solennelle… C’est le début d’une nouvelle vie dans un pays aux frontières incertaines, rongées par l’eau, parenthèse temporelle où la guerre disparaît comme la charrette de l’Ankou avalée par le sol. La peur, la solitude sont atténuées par l’amitié de Daer, l’oiseau pibil aux étranges capacités, et par l’étude mais Gwen rêve toujours de liberté. Grâce à ses dons de rebouteux et à la rencontre de deux maîtres, il deviendra médecin confirmé (en latin !). Lentement il apprend l’ambivalence des choses et des êtres, incarnée par Bjorn le douanier, et fasciné par la science, frôle la perte de son âme. Rêve ou réalité, fantastique, légende se mêlent dans le flou de la brume et des marais, des noms étranges ni vraiment étrangers, ni vraiment familiers. Ici aussi des canons, des tourmenteurs et des monstres de portulans surveillant les côtes où le jeune homme tourne en rond, des cartes gardées comme des secrets d’État comme celles des Cosmographes de L’Atlas des géographes d’Orbae. Les mots de François Place, légers et évocateurs comme les aquarelles de ses albums, disent les landes et les rivages, un quotidien ancien avec des douaniers qui semblent sortis d’une toile de Frans Hals. Ce premier roman sans illustrations d’un auteur porteur d’images, d’aventures et de rêves est aussi un magnifique roman d’apprentissage. Pour tous, à partir de 12 ans.