La croisade des enfants

Dans la gare d’une ville de Roumanie, un train spécial emmenant en colonie de vacances les élèves des établissements scolaires et leurs professeurs va prendre le départ. Par jeu, la classe de cinquième décide de s’organiser pour « conquérir » le train. Un jeune vagabond tzigane, monté clandestinement, transforme ce rêve en réalité, prend la tête de La croisade des enfants, mettant de fil en aiguille tout le pays sur les dents. Il faut plonger dans ce gros roman sans chapitres à la typographie serrée, car l’intérêt ne faiblit jamais. L’épopée tragi-comique est conduite avec maestria et les nombreux acteurs croqués avec finesse et humour vont et viennent, s’emboîtant habilement dans la trame du récit comme des morceaux de puzzle. Florina Ilis fait une peinture corrosive de la Roumanie postcommuniste, avec ses corruptions et dysfonctionnements en tous genres, doublée de celle d’une Roumanie plus traditionnelle, imprégnée de religiosité populaire et de sorcellerie tzigane. Son style classique aux phrases amples ajoute au plaisir de lecture.