La chair

MONTERO Rosa

À Madrid, Soledad prĂ©pare, pour la BibliothĂšque nationale, une exposition sur les Ă©crivains maudits. CĂ©libataire, sexagĂ©naire encore belle, elle entretient avec minutie son corps dont elle abhorre les signes de dĂ©gradation. QuittĂ©e par son amant beaucoup plus jeune qu’elle, elle imagine le rendre jaloux en louant pour un soir les services d’Adam, un escort-boy. Mais prise Ă  son propre jeu, elle finit par entretenir avec ce dernier une relation ambiguĂ« qui va engendrer quelques dĂ©sordres dans sa vie


 

Le roman peint sans concession les ravages de l’ñge chez une femme cultivĂ©e, sensible et lucide, mais obsĂ©dĂ©e de façon pathĂ©tique par la perte de son pouvoir de sĂ©duction. Le thĂšme de son exposition – les rĂ©fĂ©rences choisies Ă  ces Ă©crivains qui ont tous connu «l’abĂźme du dĂ©samour » – trouve subtilement une rĂ©sonance dans sa propre vie. Les hĂ©ros aux prĂ©noms symboliques, Ă  jamais marquĂ©s par leur enfance massacrĂ©e, sont tous deux en demande d’un amour en contradiction avec la relation tarifĂ©e qui est la leur. La belle Ă©criture de Rosa Montero (Le poids du coeur, NB fĂ©vrier 2016), alerte, ironique, fait merveille dans cette satire Ă  la fois tendre et cruelle. (A.C. et M.-N.P.)