La chair de l’araignée

HUBERT, CAILLOU Marie

Un corps longiligne, androgyne avec une mèche sur le front. Un corps très semblable rapproche ce jeune homme et cette jeune fille qui se croisent en sortant de chez le psy. L’une et l’autre ne s’acceptent pas : leur corps les dégoûte. Alors ils ne s’alimentent pas assez ou trop et se font vomir. Lui, rejette cette alimentation, seule manifestation de l’amour que lui porte sa mère. Elle, aime quand son père l’appelle : « mon fils » mais supporte difficilement cette mère qui lui reproche d’avoir déformé son corps pendant la grossesse. Peu à peu ils s’apprivoisent, se comprennent. Cette amitié qui nait va-t-elle débloquer quelque chose en eux ?

Ce mal-être devenu anorexie se montre avec des détails douloureux, crus mais sans misérabilisme ni jugement. Une sourde inquiétude se manifeste  avec les teintes froides posées en aplats de couleur et cela construit un monde presque irréel et poétique. Cette délicatesse pour les personnages, sans doute une part d’eux-mêmes, provoque une osmose très réussie et émouvante entre les dialogues et l’image. Une oeuvre originale et belle.