Kintsugi

GUTIERREZ Isabel

Un trois-mĂąts qui rallie Brest aux Antilles, avec Ă  son bord des membres d’Ă©quipage improvisĂ©s, des gens qui ont besoin de rĂ©flĂ©chir, de se reconstruire. On fait la connaissance d’AngĂšle, l’Ă©crivaine qui s’est noyĂ©e dans ses livres et un chagrin d’amour, Louise blessĂ©e par sa mĂšre qui ne l’a pas assez aimĂ©e, Gino l’ex dĂ©linquant, Lucas qui va rentrer dans les ordres, Maud qui hĂ©site Ă  avoir un enfant, et Manuela qui n’a jamais connu son pĂšre, tuĂ© pendant la Seconde Guerre mondiale.

Comme dans son prĂ©cĂ©dent roman, Ubasute (les-notes aoĂ»t 2021), Isabel Gutierrez part d’un concept japonais (ici le fait de rĂ©parer un vase cassĂ© en le magnifiant avec des « coutures » apparentes) qu’elle applique Ă  des ĂȘtres humains. La traversĂ©e est une leçon de vie, une confrontation Ă  l’immensitĂ© de l’ocĂ©an, aux autres et Ă  soi, dont on attend une guĂ©rison ou une rĂ©vĂ©lation. Mais la construction est dĂ©sĂ©quilibrĂ©e, centrĂ©e avant tout sur l’Ă©crivaine dont la longue lettre Ă  l’ancien amoureux clĂŽt le livre, ramenant les autres personnages au rang de figurants trop vite esquissĂ©s. La langue, poĂ©tique et imagĂ©e, manque de simplicitĂ©, chargĂ©e d’Ă©motions, de grands sentiments. Le message d’humanitĂ© est convenu. Une traversĂ©e maritime sans vraie surprise ! (M.D. et T.R.)