Je voulais vivre : Milady n’est pas une femme qui pleure… Elle est de celles qui se vengent

CLERMONT-TONNERRE Adélaïde de

En 1673, lors du siège de Maastricht, d’Artagnan, hanté par le remord, raconte à son aide de camp la vie tumultueuse de Milady de Winter. En 1603, Anne de Breuil a six ans lors du viol et de la mort de sa mère. Recueillie dans son presbytère par un curé charitable, elle est violée par son successeur, puis marquée au fer rouge par le frère de son tortionnaire. Elle doit absolument cacher la marque infamante au fringant comte de La Fère (Athos), devenu son mari.

Adélaïde de Clermont-Tonnerre (Les jours heureux, Les Notes juin 2021) renverse complètement l’image de Milady pour en faire une jeune fille bien-née, une femme amoureuse qui a toujours défendu chèrement sa vie. Chaque situation peut être interprétée à sa charge ou en sa faveur. Chez Alexandre Dumas, Milady faisait frémir par son cynisme et sa barbarie ; elle est devenue une femme avide de vivre, à la personnalité forgée dans la violence, contrainte de toujours se défendre d’un désir masculin avilissant. Un roman passionnant, à l’écriture élégante et limpide, à la construction habile : les hommes y sont les bourreaux d’une femme séduisante et courageuse, affrontée à un rigorisme moral intransigeant qui engendre chez elle un désir tenace de vengeance. Le féminisme de son auteure en fait une pièce maîtresse de la politique franco-anglaise et des intrigues de Richelieu. (M.-F.C. et A.Be.)