Je suis un homme

NIMIER Marie

Il est beau et la start-up qu’il a montée avec quelques copains marche bien : Alexis a tout pour être heureux. Sur le plan sentimental, rien de très satisfaisant. Une pulpeuse ex-camarade de classe le fait beaucoup fantasmer, mais c’est avec sa tendre et fidèle collaboratrice qu’il couche, et c’est elle qu’il épouse, par facilité. Si l’on ajoute que sur le plan sexuel il n’est pas très performant en général, et que les femmes le trouvent plutôt macho, on atteint là un degré de frustration masculine propre à faire perdre à ce jeune coq le contrôle de sa vie. Un brin nerveux mais pas méchant, Alexis est un homme ordinaire. Racontée à la première personne, son histoire est un texte-miroir. Marie Nimier (Photo-photo, NB novembre 2010) se glisse dans les méandres d’une conscience masculine en proie au doute, qu’elle sonde au plus près de sa virilité. Le personnage est pertinent et bien campé. Mais, à force, il ennuie. Comme si, perdant toute distance avec sa créature, l’auteur avait fait taire son originalité coutumière et s’était laissée emporter malgré elle par la complaisance et la banalité.