Graines de bandits

ROY Yvon

« Un petit lopin de terre sauvage est un paradis ». C’est sur cet aphorisme que le pĂšre emmĂšne son Ă©pouse et ses deux garçons Ă  la campagne, loin de tout. L’aventure commence mal, la maison de rĂȘve n’est qu’un bungalow sans charme. La mĂšre devient dĂ©pressive et peu Ă  peu alcoolique et violente. Le pĂšre, sous prĂ©texte d’intĂ©gration sociale, se radicalise religieusement. Les deux adolescents, livrĂ©s Ă  eux-mĂȘmes (ils ne vont pas Ă  l’école, lieu de perdition) dĂ©couvrent les beautĂ©s de la nature, et font pas mal de bĂȘtises, en particulier en cassant tout ce qui rappelle la civilisation.   AprĂšs Les petites victoires (NB, juin 2017), Yvon Roy raconte cette fois-ci l’enfance, heureuse et malheureuse, montrant la beautĂ© de la nature, l’insouciance des deux frĂšres, qui cherchent Ă  oublier le climat dĂ©lĂ©tĂšre de leur famille. Le scĂ©nario est trĂšs bien menĂ©. Le  graphisme, tout en noir et blanc, est Ă©lĂ©gant. Le travail des ombres et lumiĂšres est remarquable. Le dĂ©coupage est variĂ© allant de trois Ă  sept vignettes par page, grandes et petites pour traduire la pseudo insouciance et les peurs des deux garçons. Le petit Yvon est attendrissant et quand il pleure, on pleure avec lui. Un trĂšs beau tĂ©moignage, pudique, Ă  lire et Ă  relire. (J.G.)