Sous l’eau, l’obscurité

PARK Yoon-sun

Séoul, fin des années 1980. Min-Sun, 8 ans, sa grande soeur et leur mère vivent, dans une banlieue banale, la vie ordinaire des gens ordinaires. En ces années de boom économique, l’éducation devient un enjeu prioritaire et les parents sont prêts à de nombreux sacrifices pour qu’elle soit la plus complète possible. La mère de Min-Sun l’ayant décidé, les deux filles pratiquent la natation ; autant l’aînée accepte la situation, autant Min-Sun déteste et le fait savoir. Mais la compétition est omni présente et pour être acceptée par les leaders de sa classe, Min-Sun joue le jeu, tant et si bien qu’elle en oublie ses velléités d’indépendance pour céder au conformisme ambiant.

Son point de vue à hauteur d’enfant sur une société hyper-modélisante rend le récit très touchant. La vie banale de Min-Sun entre l’école, sa famille et la natation permet de porter un regard critique sur le modèle d’éducation promu par la société coréenne. Il est aisé de se laisser attendrir par cette histoire. Le dessin enrichit le texte d’un travail important sur la colorisation restreinte au bleu et au noir. Le trait, fin et souple, et le choix d’une représentation stylisée ajoute encore à la poésie de l’ensemble. Du bel ouvrage en somme.