D’un pays sans amour

ROZIER Gilles

PassionnĂ© de linguistique, Pierre se lance dans le difficile apprentissage du yiddish. Il dĂ©couvre alors trois jeunes poĂštes polonais qui ont illuminĂ© la vie culturelle intense du Varsovie des annĂ©es vingt. Une vieille dame retirĂ©e en son palais romain, dernier tĂ©moin vivant de ces temps glorieux, a connu ces Ă©crivains et elle rĂ©pond Ă  la curiositĂ© de Pierre : il suit leur itinĂ©raire gĂ©ographique et sentimental dans la Mitteleuropa, leurs rencontres avec toute l’intelligentsia de l’époque et leur rĂȘve de reconstruire, en Palestine, une communautĂ© intellectuelle polonaise. Peut-ĂȘtre alors trouvera t-il trace d’une grand-mĂšre Ă©nigmatique au patronyme hĂ©braĂŻque.

 

L’auteur de Projection privĂ©e (NB mars 2008) se confond ici avec le narrateur. Il Ă©crit un roman foisonnant oĂč les enchevĂȘtrements de vies multiples essoufflent le lecteur. Narration, correspondances, poĂšmes, extraits littĂ©raires se succĂšdent, aboutissement de recherches sĂ©rieuses et approfondies sur un sujet trĂšs circonscrit. Une dĂ©lectation mortifĂšre, une nostalgie rĂ©affirmĂ©e imprĂšgnent des digressions fatigantes. Cette culture, qui a donnĂ© au yiddish ses lettres de noblesse, Ă©pouse les grandes tragĂ©dies de l’Histoire du XXe siĂšcle. Ce roman tĂ©moigne de la mĂ©moire collective d’un peuple martyr et de l’engloutissement de cette brillante Atlantide polonaise.