Dites-lui que je l’aime

AUTAIN Clémentine

Après un ouvrage politique (La classe ouvrière disparaît, le peuple augmente, HdN février 2012), la militante féministe fend l’armure. Avec Dites-lui que je l’aime, titre éponyme d’un film de Claude Miller, elle répare l’image caricaturale qu’elle avait construite d’une génitrice « anormale ». Le douze juin 1985, le sujet était devenu tabou : sa mère, l’actrice Dominique Laffin, est retrouvée morte dans sa baignoire à trente-trois ans sans laisser un mot. Clémentine a douze ans et il faut continuer un combat commencé tôt, murée dans la douleur, la solitude, la honte et la colère. Symbole d’émancipation, la jeune actrice prometteuse enchaînait les films. Hypersensible, fragile, l’alcool était devenu sa béquille. Cigarettes, somnifères, fêtes, liaisons éphémères, l’enfant spectatrice des excès maternels a endossé une culpabilité qui la dépasse. À la demande de ses proches, elle effectue aujourd’hui ce travail de mémoire. Elle découvre avec un certain apaisement une filiation qu’elle semble prête désormais à assumer. Violent et pudique à la fois, ce témoignage est particulièrement émouvant. (A.-C.C.-M. et M.W.)