Dites aux loups que je suis chez moi

BRUNT Carol Rifka

Dans la banlieue de New York, deux soeurs en conflit perpĂ©tuel vivent avec des parents absorbĂ©s par leur travail. Greta, seize ans, jolie et douĂ©e, s’exalte sur une scĂšne de thĂ©Ăątre. June, quatorze ans, au physique plus ingrat, se rĂ©fugie dans des fantasmes mĂ©diĂ©vaux, peuplĂ©s de loups bienveillants. Elle est bouleversĂ©e par la disparition de Finn, son oncle, homosexuel et peintre reconnu, mort du sida. Elle lui vouait une passion qui provoquait l’hostilitĂ© de sa soeur. À l’insu de sa famille qui le honnit, elle noue une relation complexe avec Toby, l’ex-compagnon de Finn. Le dernier portrait des deux soeurs exacerbe leurs dissensions. Les comportements adolescents excessifs et imprĂ©visibles, les conflits familiaux, les jalousies et la recherche de l’amour exclusif forment la trame de ce premier roman bien construit et bien Ă©crit. Vu par les yeux d’une trĂšs jeune fille, c’est un tableau de l’AmĂ©rique puritaine des annĂ©es 1980, dĂ©munie et hypocrite face Ă  la dĂ©couverte du sida. Le lecteur se laisse emporter par les aventures parfois dĂ©lirantes de l’hĂ©roĂŻne et s’attache Ă  cette jeune fille qui se cherche dans une dĂ©mesure dangereuse associĂ©e Ă  une imagination dĂ©bridĂ©e. L’auteur, amĂ©ricaine, s’exprime avec une grande sensibilitĂ© et une vraie puissance d’évocation. (A.C. et M.S.-A.)