Dieu roule pour moi

SOUTON Dominique

Christine Jones, dite Chrissie, vit dans un trou perdu du Sud Dakota, à Sioux Falls. Elle évolue avec ses deux « foutus » frères accrocs aux jeux vidéo, entre son père pasteur, entièrement dévoué à sa tâche, et sa « petite maman » aimante mais reléguée au second rôle. Le « bal de la pureté » est l’événement annuel qui permet aux fillettes d’une douzaine d’années de sceller avec leur père une promesse de chasteté jusqu’à leur mariage. Pour échapper à tout cela, Chrissie s’épanche sur Internet auprès d’une jeune Française de son âge dont on ne lit jamais les réponses… Le roman  brosse un tableau de l’Amérique profonde, et d’un puritanisme religieux qui enferme les habitants dans un carcan. La ruralité aussi pèse sur des jeunes qui vivent l’ennui et la solitude avec fatalisme. Cette peinture sociale, même si elle n’est pas nouvelle, présente un certainintérêt. Mais la construction très linéaire du roman lasse vite car elle ne permet pas de mettre en perspective la psychologie de l’héroïne, ses interrogations ou ses doutes. La trame du récit manque de ressort et les répétitions inhérentes à une correspondance quotidienne faite de confidences sans destinataire réactif se font pesantes d’autant que le style prêté à la bavarde internaute manque de relief, et ne peut contrecarrer la monotonie du procédé. (M.-C.D. et C.B.)