Des corps en silence

GOBY Valentine

Elles Ă©taient, dans le regard de leur amant, Ă  nulle autre pareilles, mais une fois Ă©pousĂ©es, dans celui de leur mari , elles ne le sont plus. Deux femmes parmi tant d’autres, Ă  chaque extrĂ©mitĂ© du siĂšcle, servent d’exemple Ă  Valentine Goby pour pister le dĂ©clin amoureux. Au volant de sa voiture, sur l’autoroute, sa fille sur la banquette arriĂšre, Claire cherche dans sa mĂ©moire Ă  situer la panne affective, la sortie de route de son amour. Henriette, en 1913, s’était vite Ă©mancipĂ©e de la chemise de nuit Ă  fente de son premier mariage et avait Ă©pousĂ© son amant, vivant dans la passion jusqu’au constat d’adultĂšre.  D’une construction originale dans l’alternance des voix et sans se dĂ©partir de sa plume fĂ©ministe (Qui touche Ă  mon corps je le tue, NB novembre 2008), Valentine Goby dĂ©crit les corps intouchĂ©s, les yeux dĂ©couragĂ©s, le coeur Ă  l’abandon. Ni pesantes ni dĂ©chirantes, les pages charrient, dans un style un peu trop Ă©tudiĂ©, les chagrins souterrains de deux femmes « verticales au dehors, effondrĂ©es au-dedans » ; l’une dans la fĂ©brilitĂ©, l’autre dans la dĂ©termination. Une peinture faussement simple de l’agonie de l’amour.