Derrière la haine

ABEL Barbara

Les Brunelle et les Geniot sont voisins et amis, ils ont tout pour être heureux : la trentaine épanouie, deux petits garçons qui s’entendent comme des frères et de jolies maisons mitoyennes que seule sépare une haie. Jusqu’au jour où le petit Maxime se tue en tombant de la fenêtre de sa chambre. Imprudence de la mère qui l’a laissé seul ? Négligence de la voisine qui a tout vu, mais n’est pas intervenue à temps ? Le vernis social s’écaille, de lourds secrets du passé refont surface et cette belle amitié se transforme peu à peu en haine féroce. Rien de plus anodin en apparence que la vie de ces deux couples. Le récit démarre très lentement avec la peinture un peu stéréotypée et mièvre de cette vie de banlieue à l’américaine et de cette amitié en apparence indéfectible. Mais à partir de la mort de l’enfant, la tendance s’inverse. On sent planer une sourde menace. L’atmosphère s’alourdit peu à peu jusqu’à un épilogue dont on n’imaginait pas qu’il puisse être horrible à ce point. L’idée de départ de Barbara Abel (La brûlure du chocolat, NB novembre 2010), cette histoire d’amitié qui dégénère, d’amour maternel exacerbé, était excellente. La réalisation l’est moins. Les caractères insuffisamment fouillés, les détails inutiles, affaiblissent considérablement une intrigue digne de Hitchcock ou de Polanski. Dommage !