Derrière la gare

CAMENISCH Arno

Un village suisse dans les Grisons, années soixante. Des soldats derrière la gare, des Rico qui donnent des biscouis et du chocolat noir aux deux enfants qui les regardent. Au village, on croise le Giacaseppe qui vend caissaoutis, mars et glaces, l’Alexi, friseur local, le grand-père qui a sept doigts et demi, les lappis dans leur cage…  Les enfants font des bêtises rythmées par les punitions du Fatre et l’indulgence de la Maman.  Chronique tendrement nostalgique d’un monde qui bascule dans l’oubli. Le regard vif du narrateur court sur les faits et gestes de chacun pour un « inventoriage » complet et sans fard. On saute d’un lieu à l’autre, d’un moment à un autre, les contours se précisent comme autant d’instantanés avec des épisodes très drôles, d’autres pudiquement douloureux. La saveur de ce texte passe par l’invention d’une écriture qui travaille la langue, le parler local et sa verdeur rustique pour en restituer la saveur pittoresque et la musicalité. Partition réinventée – y compris sans doute par la traductrice – d’une mélodie disparue. (C.B. et M.T.D.)