Dernière sommation

DUFRESNE David

À son retour du Canada où il a passé sept ans, Étienne Dardel, ancien journaliste, découvre le soulèvement des gilets jaunes. Il reçoit une vidéo où l’on voit une jeune femme activiste se faire arracher une main par une grenade ; sidéré et choqué, il lance un tweet : allo@ Place_Beauvau-c’est pour un signalement 412…  À peine dissimulé sous les traits du personnage principal, le double romanesque de l’auteur (On ne vit qu’une heure, NB janvier-février 2019) vit au rythme de signalements de violences policières filmées sur les réseaux sociaux. Indigné, ce solitaire se transforme en lanceur d’alerte défenseur des libertés publiques et devient la bête noire de la hiérarchie policière. Ce roman très engagé, bien documenté, efficace, entraîne habilement dans les arcanes de l’État policier, vivement critiqué. Cette mise en cause du maintien de l’ordre et de sa dérive autoritaire s’accompagne d’une réflexion sur les « bavures » avec leur nombre croissant de blessés graves ; elle critique le recrutement de policiers en civil non rompus à la gestion des foules, les manquements au code de déontologie de la police et dénonce le déni des médias. Quand cette diatribe technique, incisive et manichéenne, s’éloigne de la réalité, elle prend des allures de dystopie angoissante. Un livre opportun. (R.C.G. et E.B.)