D’entre les pierres

LELAIT-HELO David

À Buenos-Aires, une ancienne maison qui va être détruite raconte les événements qui se sont déroulés entre ses murs et l’histoire de ses habitants successifs dont Soledad Salvador au destin bouleversant. Fuyant la Patagonie, elle met au monde Elena peu de temps après avoir suivi le cortège funèbre d’Evita Peron. Dorlotant sa fille, Soledad vit d’abord seule puis prend des locataires qui ne sont pas tous des amis. À vingt ans, Elena s’éprend d’Estéban qui partage sa passion de la liberté. Mais la dictature fait disparaître les opposants et Soledad s’enferme dans le deuil jusqu’à l’apparition du dernier-né d’un des locataires. David Lelait-Helo (C’était en mai un samedi, NB juillet-août 2012) aime peindre les états d’âme féminins. Admirable est la belle personnalité de la courageuse Soledad qui affronte adversité et blessures avec d’autres femmes solidaires. Les hommes, eux, sont des séducteurs qui se lassent ou des brutes qui torturent et massacrent. Le destin des bébés arrachés aux victimes et confiés aux bourreaux est tristement connu. Même si quelques retours en arrière exigent une attention soutenue, l’auteur reconstitue avec tact et une grande sensibilité une période sombre de l’Argentine. La fiction de la maison, narratrice de sa propre histoire, qui joue sur l’espace et le temps, ne manque pas de charme.