Décorama

BORDES Lucile

Après un grave accident de voiture, Georges, la quarantaine, quitte son travail d’agent immobilier pour devenir gardien de cimetière, un métier qui lui convient tout à fait. Il peut habiter sur place et aux heures de fermeture se promener parmi les tombes. Habité par ses propres spectres, il revit les joies et les démons de son enfance dans ce bourg tranquille, maintenant la proie de promoteurs parfaitement irrespectueux du passé. Pourtant, ce passé existe sur les anciennes cartes et les nouvelles ne sont pas encore imprimées. Déjà, avec Je suis la marquise de Carabas (NB septembre 2012), Lucile Bordes se penchait sur des souvenirs de famille. Ici, c’est sur un village mourant sous les grues des spéculateurs, avec la complicité cupide de vieux habitants prêts à le transformer en cité de béton sans âme, au bord d’une Méditerranée sans charme. Le personnage de Georges, sa nostalgie, son agoraphobie, ses névroses et ses fantasmes, sont décrits avec une grande sensibilité malgré quelques outrances. Comment aussi ne pas être touché par cette image de décorama animé par des décalcomanies, comme on en faisait il n’y a pas si longtemps ?