Décompression

ZEH Juli

Sur une île paradisiaque, en retrait du monde et de ses jugements, Sven, moniteur de plongée, accueille un couple de touristes allemands. Jola est actrice et vient travailler le rôle d’une plongeuse des années cinquante ; Théo, de douze ans son aîné, est écrivain. Attirance, jeu de séduction, duplicité et violence installent malaise et tourments dans un quotidien jusque-là bien rôdé. Juli Zeh observe, étudie ses personnages, débusque leurs instincts et campe une tragédie intemporelle. Comme dans Corpus delicti : un procès (NB octobre 2010), elle part d’une utopie et pose son regard sur l’illusoire retranchement du monde et l’inévitable grain de sable qui fait vaciller un édifice de faux-semblants soigneusement bâti. Ponctué par les pages d’un journal tenu par l’actrice, le drame, raconté a posteriori par le moniteur, se déroule entre terre et fonds marins. Fantasmes ou réalité, il décrit exactement l’inverse de ce qui est prétendu, bâtissant un suspense où le lecteur est conduit à douter de la vérité qu’il s’est forgée. Un jeu pervers qui joue sur la subjectivité, lézarde les façades et disloque les vies, finement mis en scène par un auteur aux questionnements multiples.