Danses du destin

VITTOZ Michel

« J’ai tuĂ© un homme 
 » C’est Nathan qui parle : il a tuĂ© son pĂšre sans savoir que c’était son pĂšre.   «Tu n’étais encore qu’un jeune flic. » Le deuxiĂšme narrateur est parachutĂ©, au PĂšre Lachaise, sur l’affaire Jacob Lowenstein, sans rien savoir de plus. Elle est assassinĂ©e sauvagement dans son appartement.  Elle connaissait Jacob depuis 1942. Il a rempli son contrat de tueur
  Nous, vous, ils, dĂ©couvrons abruptement une histoire crĂ©pusculaire Ă  la Melville, avec sĂ©quences articulĂ©es au millimĂštre, une fresque noire de l’aprĂšs-guerre et des petits arrangements de tous, ex-collabos et rĂ©sistants, aux prises avec leurs dĂ©mons.  Aux uns la turpitude, aux autres la vertu ? La dramaturgie de Michel Vittoz sert un dĂ©capage caustique de ce « roman français » consensuel.  Il suggĂšre des eaux plus troubles.  Sur cette scĂšne tragique Ă  la Shakespeare oĂč les seconds rĂŽles sont des marionnettes pathĂ©tiques et drĂŽles, les interrogations dĂ©sabusĂ©es des hĂ©ros rĂ©sonnent avec une infinie tristesse : comment faire avec ses souvenirs, avec ses « mains sales » ?  Le lecteur est pris au jeu de ces destins croisĂ©s, par une Ă©criture dont l’humour tempĂšre le dĂ©sespoir.  (C.B et M.T.D)