Dancing

VEINSTEIN Alain

Quittant des banlieues en émeute, un motard fonce dans la nuit vers la côte à la recherche d’un dancing lumineux autrefois aperçu, qui devrait, c’est sûr, changer sa minable vie solitaire. De (court) chapitre en chapitre, le motard se perd, désespère, se retrouve, espère, et évoque chemin faisant son enfance précaire, une mère surprotectrice, un père suicidé. Deux seules étoiles dans ce triste ciel, le cirque et l’opérette ; maintenant, la mère morte, il écrit, difficilement… Après une centaine de pages et bien des errances, le dancing est enfin trouvé. Petits événements et sentiments aussi soudains qu’extravagants déferlent. Le narrateur se prend d’un amour salvateur pour un jeune couple. Il reviendra sans doute chez lui, meurtri mais heureux. Le style, rythmé, rapide, joue adroitement d’infinies variations sur quelques thèmes : solitude, paysages de nuit, danse… Les notations, précises, accumulées, ressuscitent efficacement de glauques atmosphères. Mais les personnages surprennent sans convaincre. Et les probables réminiscences personnelles gênent le lecteur, converti en voyeur. Les romans précédents suscitaient mêmes approbations et réticences (La partition, NB octobre 2004).