Crime d’honneur

SHAFAK Elif

Pembe et sa jumelle Jamila sont les septième et huitième filles d’une famille kurde de Turquie où elles passent leur jeunesse dans les années soixante. Elles subissent une éducation alourdie par les superstitions maternelles et les interdits religieux. Pembe se marie et émigre en Angleterre avec ses trois enfants qui tentent de trouver leur équilibre dans le monde occidental. Abandonnée par un mari lâche et violent, elle résiste avec courage et se lie d’amitié avec un homme doux, ce que les enfants ne comprennent pas. L’aîné, élevé comme un enfant-roi, bascule dans la violence… Elif Shafak (Lait noir, NB octobre 2009) tente ici de décrire un inextricable écheveau de traditions, superstitions et religions qui révèle la complexité de peuples aux origines diverses, dont les descendants sont les Kurdes vivant aujourd’hui en Turquie. Le choc entre ces coutumes médiévales et le monde moderne lors de l’émigration est tel qu’il engendre souffrance et violence. Entre réalisme et symbolisme, le récit, où se côtoient des personnages nombreux et attachants, reste alerte jusqu’au coup de théâtre final. S’il pâtit un peu d’une construction compliquée en flash-back, il se quitte cependant à regret.