Come Prima

ALFRED

Deux frères. Voila dix ans qu’ils ne se sont pas revus. Giovanni, homme rangé, est venu chercher Fabio, le rebelle qui avait choisi de fuir son père pour s’engager en Afrique avec le Duce. Le long voyage vers l’Italie de leur jeunesse est ponctué d’incidents et de rencontres cocasses. Le paysage défile. L’alcool délie les langues. Les souvenirs reviennent. Dix ans de mensonges et d’indifférence refluent et l’on vient à parler de Maria, l’ancienne amie de Fabio. Giovanni a eu une brève liaison avec elle. À l’occasion d’une halte non loin de la frontière, il veut connaître sa fille qu’il n’a jamais vue.

Malgré ses sinuosités la route conduit à un but. De même, le scénario parcourt de nombreux chemins de traverse jusqu’au moment tant attendu de la rencontre avec le père. Pourtant celle-ci n’est pas montrée ; la fin s’efface devant l’essentiel : le chemin qui renoue les liens de la famille éclatée. Un beau dessin, expressif et porteur d’émotions, s’éclaire ou s’assombrit au fil des épisodes, pour s’allier aux pensées fluctuantes des personnages, tandis qu’un trait simplifié, comme au pochoir, évoque l’émergence d’un passé dont seul l’essentiel a marqué la mémoire. Quant au visage de Maria, son effacement progressif derrière les draps qu’elle étale exprime la désillusion de toutes ces années perdues.