Bras de fer

BOURGINE JĂ©rĂŽme

Un pĂšre un peu dur, une mĂšre effacĂ©e, une petite amie sympa et canon : Julian mĂšne une vie de banlieusard des citĂ©s plutĂŽt cool, et se donne entiĂšrement Ă  la natation, en champion de sa rĂ©gion. Le tableau idyllique explose le jour de ses dix-huit ans. Il perd contre son pĂšre une partie de bras-de-fer mythique, dont l’enjeu Ă©tait une moto. De colĂšre, il en pique une et se lance aveuglĂ©ment sur la route. Accident bĂȘte, bras sectionnĂ©, la vie s’arrĂȘte. Pour Julian, d’inactivitĂ© en dĂ©prime, commence l’engrenage maudit. Du premier joint aux piqĂ»res d’hĂ©roĂŻne, Leila assiste, impuissante, Ă  sa lente descente aux enfers, entraĂźnĂ©e elle-mĂȘme au fond du gouffre pour tenter de l’en arracher.

 

Minutieux et fascinant descriptif de l’engrenage de la drogue, entre les manoeuvres machiavĂ©liques des revendeurs pour assurer la dĂ©pendance de leurs proies et la terrifiante alternance addiction/dĂ©sintoxication. Debout et droit au dĂ©but, le hĂ©ros devient la nĂ©gation de lui-mĂȘme, acculĂ© aux pires bassesses par le calvaire du manque, entraĂźnant dans sa chute celle qui Ă©tait sa seule planche de salut. Les faits sont dĂ©crits sans dĂ©tours, les ressorts psychologiques analysĂ©s avec une grande intelligence, loin de tout angĂ©lisme, et si la fin laisse entrevoir une sortie de l’enfer, elle ne se fera, pour l’un et l’autre, qu’en payant un lourd tribut. Grave, prenant, pour grands ados et adultes.

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