Ballade d’un amour inachevé

DALEMBERT Louis-Philippe

L’Aquila, 5 avril 2009. Azaka, immigré, a épousé Mariagrazia, ils attendent leur premier enfant. Il n’a pas toujours été facile de faire accepter leur union à la famille de la jeune femme, mais Azaka a su s’intégrer et parle l’italien sans accent. Quand survient le tremblement de terre, Azaka revit un autre séisme, sur sa terre natale : à dix ans, il est resté enseveli sous les décombres pendant trois jours, et son frère aîné est mort. L’épreuve l’avait alors brutalement mûri. Il veut protéger Mariagrazia, mais au petit matin la terre tremble à nouveau… D’une belle écriture harmonieuse, le romancier (Noires blessures, NB mai 2011) alterne chronique chaleureuse et récit de catastrophe, louvoyant entre les époques, comme pour retarder le sort, sinon le déjouer. L’évocation savoureuse des histoires de famille donne un aperçu des traditions bien ancrées dans les Abbruzes. Plus grave, le parcours d’Azaka le sage met en évidence les réflexes racistes des habitants, prompts à se réveiller en temps de crise économique, et permet d’évoquer pudiquement le déracinement et les difficultés d’intégration des « extracoms ». Quand toutes les ruses narratives sont épuisées, la comédie douce-amère laisse la place au drame.