Autopsie d’un imposteur

ZABUS Vincent, CAMPI Thomas

1957, Louis Dansart est Ă  Bruxelles, pour y dĂ©couvrir le monde. Il rĂȘve de faire partie de la haute sociĂ©tĂ©, celle qui sent bon et qui ne se pose pas de question d’éthique. Rastignac, il se veut Baron. Mais en attendant, c’est un Ă©tudiant sans le sou, couchant avec sa voisine, prostituĂ©e. Et pour survivre, il se dit que sa jolie gueule plairait Ă  ces riches bourgeoises qu’il regarde avec envie. Il va comprendre que l’engagement pour « en ĂȘtre Â» demande des sacrifices dĂ©mesurĂ©s, notamment Ă  ceux qui portent en eux le sceau de la campagne et de la pauvretĂ©. A mi-chemin de la folie et de la volontĂ©, Louis va se forger son enfer.

Le verbe haut et acĂ©rĂ©, le narrateur s’en prend Ă  un jeune arriviste qui lui rĂ©pond et lui dit qu’il va lui montrer de quoi il est fait. Et l’Ɠuvre nous montre en effet de quoi est fait cette bĂȘte d’ambition. L’histoire, pourtant glauque et socialement terrible, prend un ton badin, se moquant des dĂ©lires paranoĂŻaques du hĂ©ros et faisant un tableau d’un monde gouvernĂ© par la richesse et le masque social.

Loin de s’en prendre directement aux bourgeois, c’est Ă  travers ceux qui les envient et les servent docilement, que se rĂ©vĂšlent les travers, les turpitudes mais aussi les petites attentions guidĂ©es par les convenances de la bourgeoisie. C’est un succĂšs, car jamais on ne sent juge moral mais plutĂŽt spectateur amusĂ©.

Le style graphique est efficace et terriblement annĂ©es 50, parfaitement adaptĂ© Ă  l’histoire. Le franchissement du 4Ăšme mur permet au hĂ©ros d’interroger non pas un narrateur caustique mais Ă  travers lui, le lecteur.

Excellente Ɠuvre, singuliĂšre mais trĂšs agrĂ©able.

(MS – DP)