Arletty, un cœur libre

ESTIENNE d'ORVES Nicolas d'

Nicolas d’Estienne d’Orves (Ce que l’on sait de Max Toppard, Les Notes avril 2022) fait parler son héroïne à la première personne avec la verve et le talent qui le caractérisent. Son récit autobiographique romancé de Léonie Bathiat, plus connue sous le nom d’Arletty, est plaisant à lire et contient de nombreuses anecdotes amusantes sur cette personnalité exceptionnelle.

Née en 1898 à Courbevoie, Arletty a gardé toute sa vie cet accent des faubourgs qui lui a valu une partie de sa notoriété. Extraordinairement belle et intelligente, elle est remarquée par un producteur alors qu’elle est mannequin, et elle révèle un grand talent de comédienne. Lorsque le cinéma parlant démarre, son succès ne fait que se confirmer. Si l’amour et les hommes ont une grande importance toute sa vie, son indépendance restera primordiale. En 1941, elle rencontre chez son amie Josée, fille de Laval, Hans Jürgen Shoering qui sera l’amour de sa vie mais qui lui vaudra des ennuis à la libération bien que sa célébrité lui évite le pire. Emprisonnée à Drancy et à la Conciergerie, elle purge une courte peine et quitte Paris pendant dix-huit mois à l’abri à la campagne. Après avoir revu son cher Hans en Allemagne et vécu la fin de leur passion, elle retrouve tous ses amis, ses dîners en ville et ses spectacles, mais en 1953, elle perd un œil et doit ralentir son rythme. En 1966, elle remonte sur les planches mais perd complètement la vue en novembre. Ses amis l’entoureront jusqu’à sa mort en juillet 1992. (M.-F.C. et B.T.)