André Malraux, ministre de l’irrationnel

FOULON Charles-Louis

Cinq cents pages serrées, dont cent vingt d’annexes, narrent et analysent le passage aux affaires de Malraux, sous les présidences de de Gaulle, de1945 à 1946 et de 1958 à 1969. L’amitié, l’admiration réciproques de ces deux hommes dissemblables expliquent la gestion insolite des ministères qui furent confiés au génial écrivain, brièvement celui de l’Information, puis, pour des années, des Affaires culturelles. La mort dramatique de ses deux fils, la dépression qui s’ensuivit en bouleversèrent le cours. Le bilan, cependant, reste mémorable : entre autres réalisations spectaculaires, les Maisons de la culture, le voyage international de Mona Lisa…

 

Cerner l’insaisissable, le complexe Malraux par de copieux dossiers n’est pas mince affaire. L’auteur, spécialiste de la période, a mis vingt ans, souligne Pierre Nora en préface, pour étudier des milliers de fiches, des centaines de documents rares, de témoignages. De quoi combler l’historien, rassasier, voire étouffer le lecteur ordinaire. Celui-ci, cependant, assiste au conseil des ministres où les participants surpris entendent évoquer un vol d’ibis sur les Pyramides, suit l’élaboration des Antimémoires, voit fulgurer, entre deux développements administratifs, la passion de la grandeur, le patriotisme, le sens de l’Histoire d’un personnage mythique : un acquis indéniable.