2084 : la fin du monde

SANSAL Boualem

Bien aprĂšs 2084 et une ultime guerre sainte, l’empire d’Abistan s’étend jusqu’aux confins du monde connu. L’ordre de Yölah y rĂšgne. FixĂ© pour toujours par Abi, le ProphĂšte-DĂ©lĂ©guĂ©, il est par dĂ©finition Perfection. Les vrais croyants s’y soumettent. L’Appareil y veille. Il ne se passe rien, le langage est superflu et le doute banni : c’est la communion totale avec la VĂ©ritĂ©. Ati pourtant s’interroge. Il a Ă©tĂ© tĂ©moin de scĂšnes Ă©tranges oĂč des ĂȘtres parquĂ©s dans des ghettos Ă©voluent, parlent, au mĂ©pris des quatre-vingt-dix-neuf sentences-clĂ© de la Foi. Qui sont-ils ? Ati entame naĂŻvement une enquĂȘte. Dans un contexte de prĂ©occupations trĂšs contemporaines, ce roman inspirĂ© d’Orwell pose avec intelligence la question des nouveaux totalitarismes Ă  caractĂšre religieux. L’allusion Ă  l’islam et Ă  ses États forts y est voulue. OĂč est l’humain, demande l’auteur (Gouverner au nom d’Allah : islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe, NB dĂ©cembre 2013), dans la construction de cet ordre oĂč l’on change la science, la langue, les moeurs pour mieux configurer les citoyens ? En rĂȘvant de pĂ©nĂ©trer le ghetto, le hĂ©ros est dans une transgression innocente. Son aventure initiatique pour comprendre ces lieux oĂč les mots semblent façonner une conduite libre – notion inconnue de lui – structure un rĂ©cit aussi profond que subtil, ironique et ardent comme un poĂšme Ă  la vie, efficace comme un polar. (A.Lec. et B.Bo.)