Le grand fleuve Amour

Radu est parti recenser les tigres vivant sur les rives du fleuve Amour, à l’extrémité de la Sibérie. Il restera « absent longtemps ». Olga lui en veut. Il a fait de la petite maison qu’elle habite dans les Grisons en Suisse son port d’attache entre deux expéditions. Elle aussi aimait voyager. Son métier consistait à dessiner des espèces végétales rares. C’est ainsi qu’ils se sont rencontrés en Équateur. Mais le temps a passé… 

Assise sur sa terrasse ou derrière une fenêtre, l’héroïne attend. Les yeux fixés sur la prairie en pente ou sur la ligne de crête des montagnes environnantes, elle s’interroge. Quelle erreur a-t-elle commise pour que son amant s’éloigne d’elle ? Très vite la question dérive sur le souvenir des jours heureux, leur rencontre, leurs voyages à Tokyo, Rome, leur séjour à New York… Puis s’insinuent entre deux pincements de l’âme et sans ordre cohérent des réflexions sur son voisinage, des bribes de sa propre enfance, orpheline couvée par ses grands-parents… Une succession d’images, de couleurs, de sensations, d’odeurs très diverses infuse dans l’écriture sobre et lumineuse de l’autrice, poète suisse reconnue. Se façonnent ainsi cent cinq chapitres très courts, de longueur inégale, sorte de flashs d’existence surgis d’associations libres teintées d’amertume douce. Un roman qui épouse la linéarité mouvante et sinueuse d’un fleuve et se lit comme un poème en prose d’une vibrante sensibilité. (A.Lec. et A.Le.)