Albie Sachs, né en 1935, citoyen « Blanc » d’Afrique du Sud, jeune avocat déjà réputé, militant anti-apartheid et défenseur des Droits de l’Homme, est arrêté en 1963, sous le coup de la « loi des 90 jours ». Ce texte est le récit qu’il fait de sa détention, en 1966, émigré à Londres. Au fil des jours, comme un journal, il raconte de quoi sont faites ses journées, des bribes de vie répétées qui font le quotidien, des instants lumineux où il communique avec d’autres détenus en sifflant, de la visite des policiers qui tentent, en vain, de le faire « parler »…
Remarquable récit qui dit sans pathos ni auto-apitoiement, ce qu’est « l’isolement », physiquement et psychiquement ; qui, sans haine, fait le portrait des gardiens et inspecteurs, rouages d’un État ségrégationniste, voué, tôt ou tard, à sa fin… Ne voir personne, ne parler à personne, devoir occuper, jour après jour, son corps et son esprit, alors que, démuni de tout, on ne peut ni lire, ni même écrire. Reste alors la mémoire, reste la pensée, et la perspective, en forme d’espoir, le temps venu, d’en rendre compte. Rentré en Afrique du sud, à la chute de l’apartheid, Albie Sachs a œuvré aux côtés de Nelson Mandela. Longtemps interdit en Afrique du Sud, ce récit est aujourd’hui, à juste titre, considéré comme un classique de la littérature carcérale. À lire absolument. (M.T.D et C.B)
