Pauvre

Katriona O’Sullivan naît en 1978 à Coventry, près de Birmingham, d’une mère anglaise et d’un père irlandais, drogués et alcooliques, qui laissent leurs cinq enfants se prendre en charge dans une misère totale. Au cours de sa vie, quelques enseignants et travailleurs sociaux l’aident à grandir et à prendre confiance en elle. À vingt ans, mère célibataire d’un enfant de cinq ans, elle suit avec combativité et talent le programme d’accès à l’éducation proposé par Trinity College, à Dublin, jusqu’à l’obtention d’un doctorat en psychologie.

Désormais enseignante universitaire et mère de trois garçons, l’auteure raconte sans pathos inutile son vécu poignant dans le chaos et le dénuement. Elle expose son cheminement intérieur depuis l’humiliation née de l’indifférence des services sociaux britanniques de l’époque pour les enfants de junkies. Malgré son immense colère des jeunes années envers son père et sa mère noyés dans leurs addictions, elle y est très attachée et décrit de beaux moments familiaux trop éphémères. Le style est en harmonie avec la souffrance d’une enfant livrée à elle-même pour survivre et avec l’analyse que peut mener l’adulte encore blessée, sereine en apparence mais qui reste une « pauvre et donc nulle » au plus profond d’elle. Un récit de vie fort qu’on n’oublie pas et qui change notre regard sur ceux qui n’ayant rien se pensent des moins que rien. (J.H. et A.Lec.)