Dans la nuit solitaire

GANESHANANTHAN V. V.

1981, Ă  Jaffna au nord du Sri Lanka, une famille unie tamoule : quatre garçons, une fille, tous brillants. Les Cinghalais accaparent le pouvoir et briment la communautĂ© tamoule. Des organisations identitaires se rĂ©voltent, c’est la guerre civile. Lors de troubles Ă  Colombo, l’aĂźnĂ© disparaĂźt. Ont pris le maquis avec les Tigres, les deux cadets et leur ami K, qu’admire la jeune fille. Comme son aĂźnĂ©, Sashi veut ĂȘtre mĂ©decin pour aider les autres. AprĂšs une annĂ©e d’études, elle accepte de soigner les blessĂ©s des insurgĂ©s dans un hĂŽpital de campagne. Seul le benjamin dĂ©cide de rester Ă  l’écart des factions.

AprĂšs Le sari rouge (Les Notes janvier 2009), V. V. Ganeshananthan a mis dix-huit ans pour Ă©crire ce roman historique qui, Ă  travers une famille fictive, retrace durant plus d’un quart de siĂšcle la tragĂ©die d’un peuple longtemps colonisĂ©, puis pris en Ă©tau entre l’armĂ©e rĂ©guliĂšre et les Tigres. Ceux-ci Ă©liminent leurs rivaux et instrumentalisent les jeunes gens pour s’imposer. Les Indiens censĂ©s arbitrer le conflit s’avĂšrent aussi brutaux et inefficaces que les autres. Face aux cyniques, Ă©mergent des personnages humains et fragiles trĂšs bien campĂ©s, et des figures charismatiques, dont une enseignante qui condamne les violences de tous bords. La jeune hĂ©roĂŻne, seule, Ă©cartelĂ©e entre ses amours et idĂ©aux divergents, finit par collaborer courageusement avec son professeur pour recenser les exactions des Tigres… Un livre dur, haletant, superbe, un peu long parce que riche et nuancĂ©. (L.G. et A.Be.)